L'identité, un construit à la liminalité ?




Conseil en identité, François-Noël Tissot se représente l'identité comme un construit, dont le sujet est toujours singulier à une liminalité qui lui est inédite, et comme un processus par lequel un sujet advient et se reconnaît tel.
Peut-on considérer que certains professionnels ne partageraient pas aussi ouvertement ce point de vue ?




Dans la présentation de leur offre de formation sur "le coaching de l'identité", les PNListes Deborah Bacon et Robert Dilts partent de ce que chaque personne se demanderait "Qui suis-je ?".

Face à l'illisibilité que produisent la transformation ou l'adversité, une telle personne serait conduite à prendre refuge dans une position de repli identitaire.

Un "coaching au niveau de l'identité" permettrait alors d'identifier les processus à l'oeuvre et de s'engager vers un recentrage sur "qui nous sommes réellement".



Acquis ou construit ?

L'impression première que l'identité puisse être un acquis provient certainement de la position de la personne à laquelle Bacon et Dilts identifient le client de leur prospect, voire leur prospect, lecteur de ce texte promotionnel, et, dans leur propos introductif, jusqu'à eux-mêmes.

Cependant "...voir nos vies comme le périple d'un héros" inviterait à y lire résolument un construit.



Où et quand ?

Bacon et Dilts précisent bien le contexte d'émergence : "lorsque nous vivons des périodes de crise, il nous arrive souvent de découvrir toute l'ampleur de nos forces et d'être mieux positionnés pour trouver notre prore expression dans la vie."

Ils qualifient le lieu de cette construction comme étant celui de la "crise", étymologiquement celui du choix : nous sommes bien en situation de seuil, à la liminalité.



Comment ?

Le descriptif propose : "il est toutefois possible d'apprendre à accompagner ces mouvements naturels et d'y participer consciemment".

Entre la formation à ce que Bacon et Dilts nomment "coaching au niveau de l'identité" et ce que je qualifie de dispositif d'intégration, je chercherais à distinguer ce qu'ils ont de familier autant que de singulier.




Pour en savoir plus

Identité, acquis ou construit ?

Ce que je nomme identité

Coaching au niveau de l’identité
par Robert Dilts et Deborah Bacon

Traduit par Caroline Morissette, traductrice professionnelle et étudiante au praticien.

Le monde vit certainement une période difficile. Les problèmes comme le terrorisme et le réchauffement de la planète montrent jusqu’à quel point nous sommes plus que jamais déconnectés du monde, des autres et même de nous. Nous sommes dans un tel état collectif de déconnexion que la crise que nous traversons secoue plusieurs d’entre nous. Le monde est effectivement mûr pour le changement et la transformation. De plus en plus de personnes se demandent ce qui est réellement important et évaluent l’orientation de leur vie. Plus le monde se réveille, plus les besoins en coaching au niveau de l’identité sont criants.

Tous les processus de coaching sont organisés autour du passage d’un état présent à un état désiré. Dans le cas du coaching au niveau de l’identité, l’état désiré est d’être profondément connecté à soi-même et de vivre tout à fait centré, présent et débordant de richesse. Ce sont là des qualités fondamentales qui changent tout, et nous les avons trouvées chez les personnes créatives couronnées de succès que nous avons modélisées. Martha Graham, danseuse professionnelle, l’a dit :

Une vitalité, une force vitale, une énergie [une expression] transpirent de vous par vos actions. Vous êtes unique dans le monde entier et votre expression vous appartient. Si vous lui bloquez la voie, elle n’existera jamais à travers qui que ce soit d’autre; elle sera perdue. Le monde vivra sans elle. Il ne vous appartient pas de juger de sa qualité, ni de la comparer à d’autres expressions. Votre devoir est de lui laisser la voie libre.

À partir de ce point de vue, l’évolution, la transformation et la satisfaction dans la vie se font ressentir lorsque « la voie est libre ». 

L’objectif le plus profond au niveau de l’identité est de répondre continuellement à la question « Qui suis-je ? ». Nous y répondons par nos réactions à la vie. Lorsque nous sommes centrés, que nous habitons notre corps et que nous sommes branchés à nous-mêmes, et au monde qui nous entoure, nous nous connectons naturellement au sens et au but de notre vie.

Paradoxalement, ce qui entrave notre propre évolution naturelle, et notre satisfaction, est que, par mesure de protection, nous nous dissocions de nous-mêmes. Dès lors, nous ne sommes plus en contact avec nos besoins réels et nous trouvons refuge dans des activités et des comportements qui nous maintiennent en état de déconnexion. Nous devenons réactifs, repliés sur nous-mêmes. Dès cet instant, nous commençons à encombrer la voie. Nous nous éloignons de nos peurs au lieu d’être en contact avec nos désirs et qui nous voulons devenir dans la vie. Et ces causes entraînent plusieurs dynamiques qui nous éteignent et nous font vivre en deçà de notre richesse. Ces dynamiques, souvent de l’ordre de l’inconscient, comprennent entre autres :

  1. Tenir obstinément à un « soi idéalisé » (éprouver le sentiment de devoir atteindre ce soi afin d’être aimé et obtenir une approbation);
  2. S’identifier aux idées, aux croyances et aux histoires qui limitent l’expression de notre identité réelle;
  3. Ne pas comprendre comment réagir à certains sentiments délicats (frustration, peur, colère, doute de soi, etc.) qui se manifestent comme une réponse naturelle à la vie.

L’objectif premier du coaching au niveau de l’identité est d’aider les personnes à savoir quand la voie est libre, quand elle ne l’est pas, et ce qu’elles peuvent faire pour l’ouvrir à nouveau. Il s’agit donc de reconnaître comment nous nous déconnectons de nous-mêmes et à découvrir ce qui nous permet de revenir à la source. Un des objectifs primordiaux du coaching au niveau de l’identité est de donner la possibilité aux personnes de s’ouvrir et d’approfondir leur sentiment d’identité. Ainsi, elles pourront jongler avec les chances et les difficultés de la vie à partir d’un lieu où elles se sentent de plus en plus présentes, pleines de ressources intérieures et authentiques, et ce, même dans les périodes difficiles. Du point de vue du coaching au niveau de l’identité, il est important de voir nos vies comme le périple d’un héros et de trouver la présence d’esprit pour agir lorsque les événements dans lesquels nous sommes nous demandent de le faire. En fait, lorsque nous vivons des périodes de crise, il nous arrive souvent de découvrir toute l’ampleur de nos forces et d’être mieux positionnés pour trouver notre propre expression dans la vie. 

Au fond, les êtres humains partagent les mêmes peurs fondamentales : la peur de souffrir, de la douleur, de l’abandon, de la suffocation, de la non-existence, etc. La façon dont ces peurs sont exprimées peut varier d’une culture à l’autre et son degré d’intensité peut fluctuer selon les circonstances de la vie. Cependant, nous répondons généralement à la peur en nous déconnectant de notre vulnérabilité et en adoptant des stratégies de survie qui nous coupent de la vie en nous et des sols fertiles de notre être.

Le processus de coaching au niveau de l’identité aide les personnes à nommer ces peurs fondamentales, à cibler ces « démons », c’est-à-dire à reconnaître les sentiments et les parties de nous avec lesquels nous avons coupé le contact et que nous évitons de voir. Par la suite, il leur permet de trouver les ressources nécessaires (qui leur permettront de modifier la relation qu’elles entretiennent avec leurs peurs), de libérer la voie et de vivre tout à fait connectées et confiantes.

Les difficultés liées à l’identité se manifestent fréquemment au cours des périodes de transition. On dit que les choses changent toujours, mais qu’elles ne progressent pas nécessairement toujours. Comme il est impossible dans la vie d’éviter, ni d’avoir vraiment le contrôle, sur la transition et la transformation, il est toutefois possible d’apprendre à accompagner ces mouvements naturels et d’y participer consciemment, au lieu d’être entraîné inconsciemment dans le courant du changement. Un des objectifs du coaching au niveau de l’identité est d’aider les personnes à intérioriser des aptitudes pratiques et des principes avec lesquels elles pourront gérer les transitions de la vie avec facilité, flexibilité et en ayant recours à leurs ressources intérieures.

Lorsque nous sommes centrés sur qui nous sommes réellement, nous vivons profondément connectés à nous-mêmes et aux autres. Il est essentiel de retrouver cette connexion et de la nourrir pour guérir le monde. À sa façon, le coaching au niveau de l’identité aide à transformer notre réalité collective.

Robert Dilts et Deborah Bacon seront au CQPNL les 30-31 mars-1er avril prochain pour offrir l’atelier « Coaching de l’identité ». Un événement incontournable !

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