Du travail à l'emploi
Du travail à l'emploi
Pierre-Eric SUTTER commente Edgar MORIN et y lit la dénonciation d'un paradoxe, le savoir conduisant à l'aveuglement : « Plus nous avançons dans les connaissances, plus nous pénétrons dans l’inconnu ».
Ma lecture est tout autre.
S'agit-il vraiment d'un paradoxe ? Ou plutôt d'un truisme ? Voire d'un cercle vertueux ?
Avancer dans les connaissances, n'est-ce pas pénétrer ce qui était l'inconnu ?
N'avançons-nous pas dans les connaissances afin de pénétrer plus encore dans l'inconnu ?
Et peut-on avancer dans les connaissances sans pénétrer dans l'inconnu ?
Pierre-Eric SUTTER propose des illustrations contemporaines qui valideraient sa lecture.
De ma propre observation, je forme l'hypothèse que chaque génération construit son identité face aux défis spécifiques à son époque.
Si, pour advenir, elle manipule les repères des générations antérieures, qui correspondent donc à des défis obsolètes, alors elle se conduit inéluctablement à l'effondrement - et engendre des replis identitaires.
Replis identitaires qui, au nom de la "connaissance", portent l'obscurantisme.
Pénétrer l'inconnu, c'est se donner une chance d'avancer dans la connaissance.
Pour chaque personne, tel est le défi, qu'éclaire utilement le Livre de la Genèse.
Ainsi, par son travail, l'homme se place à la confrontation du monde, qu'il transforme autant qu'il s'en façonne.
Toute autre est la question de l'organisation collective du travail, où se confrontent l'autodétermination du sujet, les assignations identitaires et les injonctions paradoxales.
C'est le lieu de l'emploi, où se pose autrement la question de la performance sociale qu'investit Pierre-Eric SUTTER.
Pour en savoir plus
Edgar Morin et la pensée complexe au chevet de l’homme au travail