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FAIRE SOCIETE : coopération, intégration, construction d'identité
10 mai 2007

Ethique, morale et identité

Ethique, morale et identité

Rédigé par François-Noël Tissot, à l'occasion de la journée commémorative de l'esclavage, de la traite négrière et de leurs abolitions, le 10 mai 2007.

Le cri, l'écrit, Fabrice Hyber, Jardin du Luxembourg, Paris, photo MediaFranceLa morale est à l'éthique ce qu'est la carte au territoire.

La distinction entre éthique et morale est essentielle.

Entretenir cette distinction relève de l'éthique.



Distinguer éthique et morale

Principe éthique, l'homme ne peut ni s'acheter ni se vendre.
Dès lors en quoi, l'esclave, qui s'achète et se vend, serait-il un homme ?

L'éthique fonde la personne ontologiquement ; la personne en régit sa pensée dans le champ de l'individuel et du collectif, en privé comme en public.
En cela, l'éthique serait absolue.

Tandis que la morale régit les relations à autrui ; dans le champ du seul collectif, en privé et en public.
Ainsi, toute morale serait circonstancielle, à une communauté, à un biotope, à une époque.
Il existerait bien des morales, chacune relative.



Confondre éthique et morale

S'en reférer à "la" morale comme seule expression possible de l'éthique entretient une confusion entre morale et éthique.
Cette pratique est l'un des leviers de la construction des identités collectives, et de leur radicalisation.

Une confusion choisie entre morale et éthique permet d'élever des croyances et des moeurs circonstancielles au rang de principes immanents, ontologiques.
Au nom de tel principe, dont l'expression devient désormais perceptible, identifiable, il devient possible de qualifier ou de disqualifier un individu ou une population, non par ses croyances ou ses moeurs, mais du fait de la nature distincte qui s'en révèle.



Identité

Lorsqu'un individu se qualifie de comportements ne relevant pas de "la" morale, sous-entendu de l'éthique, ontologiquement il ne peut être reconnu comme alter ego, donc légitime ni du même respect ni des mêmes droits.
Cette distinction peut alors fonder l'asservissement, la réclusion, le bannissement ou la mort d'un être considéré comme "dénaturé" : il n'est pas ce que sa forme aurait pu laisser entrevoir.

Dès lors, lui et ses pareils constitueraient une menace sociale qu'il conviendrait de prévenir... en prenant appui sur ces indices mêmes permettant de les distinguer : l'apparence, le parler, la croyance, les moeurs, la fortune, l'habitat, la génétique... ?



Ethique et identité

L'éthique est un absolu en ce qu'elle fonde la personne, ontologiquement.

Or, selon l'éthique, l'homme ni ne tue ni ne mange l'homme.

Ainsi, au XXIème siècle, le nôtre, on rapporte des conflits dans lesquels les combattants mangent un morceau du foie de leurs victimes.

A ce rite, ces combattants illustrent que leurs victimes ne pouvaient être des hommes puisque, principe éthique, ontologique, l'homme ne mange pas l'homme.

Paradoxalement, en consommant leurs victimes, ces combattants marquent leur adhésion à cet absolu éthique que l'on ne peut enfreindre au risque de se soustraire à son humanité.



Morale et identité

Pour faire société, et advenir, exigence éthique, nul n'échappe à une morale, toute relative qu'elle soit.

Dans 1984, George Orwell expose la performance de la langue en vigueur dans le monde qu'il projette : "...fournir un mode d'expression ...et rendre impossible tout autre mode de pensée."

Ainsi, la langue elle-même est une morale en ce qu'elle permet, reflète et contraint le champ des possibles sociaux.




Pour en savoir plus

"L'aveuglement des élites" illustre les risques de confondre éthique et morale, carte et territoire.

"La cité interdite" illustre-t-elle que la liberté de la personne trouve sa juste expression dans le seul choix de s'inscrire dans l'ordre du monde ?

Conseil en identité, François-Noël Tissot explore l'expression des référents éthiques des organisations émergentes.
En 2002, avec "L'être / La lettre", il répond à l'invitation d'un groupe parmi les Fortune Global de préparer son code de déontologie du coaching interne, puis il prend part à la fondation de la première commission francophone de déontologie en coaching.
En 2003, à l'occasion de la première université francophone de coaching, il propose un quiz sur l'histoire, la forme et la fonction de la déontologie.
En 2004, il défend que langue et déontologie sont des liens solidaires et travaille à une expression francophone unique du code de déontologie de l'ensemble des chapitres de son organisation professionnelle, la Fédération internationale de coachs (ICF).
En 2005, il invite les coachs francophones établis dans 27 pays à prendre part à la révision de cette expression.

Illustration : "Le cri, l'écrit", sculpture, de Fabrice Hyber, Jardin du Luxembourg, Paris, photo Media France.

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